Ce choix qui n’a rien de libre
Dans un monde idéal, le « libre choix » est à la portée de chacun. Le libre choix, c’est lorsque les personnes qui aimeraient bien aller au travail à vélo n’y renoncent pas par crainte pour leur vie. Lorsque les consommateurs qui aimeraient prendre soin de leur santé n’en sont pas dissuadés par des prix prohibitifs. Lorsque les aliments les plus malsains ne sont pas systématiquement les moins chers. Lorsque l’information nutritionnelle n’est pas au service d’un plan marketing douteux. Parce qu’alors, le libre choix n’est une réalité que pour les plus riches, les mieux (in)formés et les moins vulnérables à la pub.
Afin d’ajuster les forces qui tiraillent les jeunes consommateurs lorsqu’il s’agit de choisir une collation, Catherine Roulet, députée verte au Grand Conseil vaudois, proposait, sur la base d’un argumentaire bien étayé, d’interdire les distributeurs de « junk food » dans les écoles. Résultat : tout le monde est d’accord pour dire que le problème est important, que le canton a pour priorité de lutter contre le surpoids, et que la corrélation entre consommation de boissons sucrées et obésité est irréfutable. Mais d’interdiction, point. Chacun reste libre de « choisir » des aliments obésogènes. Faut-il mentionner qu’il n’y a pas de réelle alternative à ce « choix », à part le jeûne ?
Le salut viendra-t-il de Selecta ? L’entreprise bien connue des consommateurs de snacks se lance dans l’offre d’un assortiment « fresh + fit ». Au-delà de l’argument de vente ciblant une clientèle soucieuse de sa ligne, c’est une petite révolution et la preuve qu’il est possible et réaliste de proposer autre chose que des sodas et des barres chocolatées. L’obstacle … c’est le prix. A quand une subvention pour des initiatives de ce type ? ça nous changerait des recommandations impossibles à mettre en œuvre, faute d’un vrai choix !