Régime Duk*n
Il fallait bien que je l’aborde un jour. Je rechignais, ne voulais pas faire de la pub. Mais Dukan est partout, sauf sur mon blog. Donc aujourd’hui, c’est de Dukan qu’on parle. Enfin, du régime Dukan. Car le docteur Dukan, je ne le connais pas. J’ai l’ai vu à la télévision, filmé dans son luxueux cabinet parisien, je l’ai entendu expliquer que son régime permet d’éliminer la « pourriture que les gens ont dans leurs artères« , qu’il envisage un « McDu » (du fast food à la mode Dukan) et cela m’a laissé une impression d’indécence et d’opportunisme.
Mais parlons de son régime. Qui est très simple: phase d’attaque, phase de croisière, phase de consolidation, phase de stabilisation.
En phase d’attaque on mange uniquement des protéines, l’organisme en manque de calories puise dans ses réserves et comme le veut la logique, le poids diminue. Phase de croisière, on introduit des légumes et on atteint un poids d’équilibre, qui correspond aux calories ingérées. Phase de consolidation, on tente de maintenir ce nouveau poids, donc l’apport calorique qui va avec. Pour chaque kilo perdu, il faut 10 jours de consolidation, donc si vous avez perdu 15 kilos, vous êtes avez droit à 150 jours de consolidation… hmmmmm… 5 mois de régime supplémentaires. Reste la phase de stabilisation, qui dure… toute la vie. Mais elle est très « simple » : le jeudi on mange des protéines, comme en phase d’attaque, et chaque jour on avale 3 cuillers à soupe de son et d’avoine. Ah et on mange équilibré, bien sûr.
Ça a l’air simple, et c’est ce qui fait le « succès » de la méthode. Car en fait de succès, de quoi parle-t-on ? Si c’est du succès commercial, il est indéniable : presque 600’000 livres vendus en 2010, rien qu’en France. Sans compter les produits dérivés et les traductions. Un vrai succès. En termes de kilos perdus, c’est sans doute un succès aussi. La phase d’attaque est d’une efficacité redoutable pour perdre du poids et si on additionnait les kilos perdus par l’ensemble des adeptes ça ferait une belle montagne. A long terme, c’est beaucoup moins évident. Il y a bien quelques héro-ïne-s qui parviennent à changer durablement leurs habitudes de vie, leurs comportements alimentaires ; mais il faut ensuite bien plus qu’une simple liste de préceptes pour que ça dure. Et pour la grande majorité, ça se termine comme avec n’importe quel régime : par une reprise de poids. Selon une enquête récente, 50% des adeptes auraient déjà repris le poids perdu entre 6 mois et 2 ans. Je n’appelle pas cela un succès. Disons que s’il s’agissait d’un médicament on s’empresserait de le retirer du marché. Ou du moins les patients iraient s’en plaindre auprès du leur médecin.
Mais c’est là le hic : les déçu-e-s ne se plaignent pas. Toutes ces personnes qui reprennent du poids ne se mobilisent pas, ne portent pas plainte pour publicité mensongère ou mise en danger de la santé d’autrui. Non. Elles culpabilisent. Les 2/3 des personnes en échec disent « échouer dans la phase de stabilisation » et ajoutent « C’est de ma faute, je n’ai pas réussi à faire la stabilisation ».
A mon avis, lorsqu’une méthode échoue pour 60% des pratiquants, c’est plutôt un problème de méthode. Non ?
PS : Des esprits chagrins se sont plaints que l’enquête sur le régime Dukan n’était pas assez scientifique. Jusqu’à présent, toutes les études scientifiques étudiant l’impact à long terme des régimes ont démontré un échec pour 95% des sujets. Sans doute l’enquête « non scientifique » a surestimé les résultats de ce régime piège…