Est-ce qu’on brûle moins d’énergie après un régime amaigrissant?
La question qu’on me pose souvent est: « Est-ce que la baisse du métabolisme explique la reprise de poids après un régime ? »
La réponse est : non, pas de manière systématique. Une autre manière de le dire serait : le plus souvent non, mais ça peut arriver dans de rares cas.
Pourtant, on l’a entendu sur tous les tons, le refrain de « après une perte de poids, l’organisme se met en mode économique, il stocke tout, il ne dépense plus… »
Après une perte de poids, la dépense d’énergie est effectivement plus faible qu’avant. Mais pas anormalement faible. La dépense énergétique de repos (qu’on appelle aussi métabolisme de repos) correspond à la quantité d’énergie (le nombre de calories) dont notre corps a besoin pour fonctionner. Et le principal déterminant de la dépense d’énergie est … le poids [1]!
C’est assez intuitif à comprendre : tout comme un véhicule lourd nécessite beaucoup d’essence au kilomètre, un organisme lourd demande beaucoup de calories pour fonctionner. Donc, lorsqu’une personne perd du poids, elle dépensera moins d’énergie qu’avant, de la même manière que votre voiture consomme plus d’essence si vous transportez beaucoup de bagages que si vous voyagez léger.
[Cliquez ici pour savoir comment mesurer la dépense énergétique de repos].
Donc, oui, la dépense énergétique diminue après une perte de poids.
Pendant longtemps, on a pensé que cette diminution allait bien en-dessous de ce qui aurait été normal pour le nouveau poids. En anglais, ce phénomène a été baptisé « adaptive thermogenesis » ou « energy gap » et a servi a expliquer la difficulté à maintenir une perte de poids. Récemment, une étude élégante est venue ébranler ce qui restait de cette théorie qui, il faut le dire, prend l’eau depuis déjà quelques années [2].
Dans cette étude, publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition, les chercheurs-euses voulaient savoir si la dépense énergétique de repos était anormalement basse chez des personnes initialement en surpoids (appelons-les MPP pour maintien de perte de poids).
La question a été abordée de deux manières : d’abord, la dépense énergétique des MPP a été comparée avec celle de deux groupes distincts : un groupe composé de personnes de poids normal qui n’avaient jamais souffert d’obésité et dont le poids était similaire au nouveau poids atteint par les MPP, et un groupe composé de personnes en surpoids, dont le poids était similaire au poids initial des MPP (donc avant qu’ils ne perdent du poids). Si la théorie de l’adaptive thermogenesis était vraie, les MPP auraient dû avoir un métabolisme plus faible que les personnes de même poids qui n’avaient jamais souffert d’obésité. Mais ce n’était pas le cas ! Lorsqu’il était tenu compte des différences de composition corporelle, la dépense énergétique de repos était similaire. C’est à dire que chaque « kilo d’individu » coûtait à peu près la même énergie, quelle que soit l’histoire du poids.
Dans un deuxième temps, les chercheurs-euses ont développé des équations de prédiction de la dépense énergétique de repos, sur la base des données des groupes de comparaison. En moyenne, le métabolisme après perte de poids était très bien prédit par l’équation développée pour le groupe de poids normal, ce qui indique à nouveau que la dépense énergétique n’était pas excessivement basse après perte de poids. Du moins pas systématiquement, car il faut signaler qu’il y avait tout de même une assez grande variabilité individuelle dans les résultats – et c’est important de le noter, car cela veut dire que, bien que dans la plupart des cas le métabolisme de repos ne descend pas de manière anormale après une perte de poids, cela peut arriver parfois !
Certaines personnes semblent donc bel et bien présenter un métabolisme plus bas que ce qu’il faudrait. Ce qu’on ne sait pas, en revanche, c’est si ce phénomène est une conséquence de la perte de poids, ou si c’est justement parce qu’elles ont toujours eu un métabolisme faible qu’elles ont pris du poids dans le passé.
[1] Et plus particulièrement la masse maigre, mais ceci nous amène à un niveau de détail peu utile pour le propos de ce post.
[2] Notamment sur la base de recherche basés sur des méthodes modernes d’imagerie médicale. Les fondements et les objections concernant la théorie de « adaptive thermogenesis » ont été synthétisées dans le projet HOMAWLO.