Bonnes résolutions : le petit-déjeuner, une vraie fausse bonne idée

Le petit-déjeuner a acquis un statut quasi sacré et est paré de toutes sortes de vertus, dont aucune n’est prouvée de manière irréfutable : il permettrait de « bien démarrer la journée », serait « l’allié indispensable dans toute démarche de perte pondérale », il préviendrait l’obésité infantile et serait nécessaire pour atteindre l’équilibre alimentaire. Mes étudiant-e-s proposent souvent d’ajouter un petit déjeuner comme première étape dans les prises en charge pour excès pondéral. Mes patient-e-s obèses ont un air gêné en me disant ne pas en prendre et sont nombreux-ses à mettre le petit-déjeuner dans la liste des bonnes résolutions pour nouvel an.

Je revois la table du petit déjeuner de mon enfance. Les bols blancs et bleu pour le thé de mes parents, nos tasses de lait, à ma sœur et moi, les tartines, le beurre, la confiture fait-maison. C’était bien avant que j’apprenne que la consommation de protéines et d’hydrates de carbone le matin contribue à réguler notre métabolisme. J’avais faim, j’avais besoin, physiquement, de nourriture pour préparer mon organisme à l’action, je mangeais mon petit déjeuner sans me poser de questions. Aujourd’hui, je continue (en général) d’avoir faim le matin et un petit-déjeuner m’est indispensable. Ma sœur, elle, n’en prend pas, jamais. Vu ses accomplissements nombreux, ça m’étonnerait qu’un petit-déjeuner lui permette d’améliorer le démarrage de sa journée. Son poids est tout a fait normal, la prise ou non de petit déjeuner n’a rien à voir là-dedans. Elle n’a pas faim le matin, c’est tout. Et quand on n’a pas faim, il vaut mieux ne pas manger, sans quoi on risque de prendre du poids.

Avant de prendre la résolution de faire un petit-déjeuner, il faut en évaluer le besoin. La personne qui meurt de faim mais n’a rien le temps d’avaler avant la pause de midi risque de manger trop et mal à ce moment-là, parce que l’hypoglycémie est telle que tous les signaux neurobiologiques vont pousser à la consommation. Ma sœur attend que son estomac soit réveillé et prend alors un en-cas, indépendamment de l’heure. Si elle ne le faisait pas, sans doute que des envies de grignotages viendraient saboter sa journée, et son apport calorique serait supérieur à ses besoins. Résultat, elle prendrait du poids. MAIS si elle se forçait à prendre un petit déjeuner en l’absence de faim, elle augmenterait aussi son apport calorique, et brouillerait l’efficacité des signaux de faim/satiété… avec sans doute une prise de poids à la clef.

Conclusion : attendez d’avoir faim avant de prendre un petit-déjeuner, mais lorsque votre estomac se réveille, nourrissez-le ! Parions que nous serons nombreux-ses à ne pas avoir très faim le lendemain du réveillon.
Bonne année à Toutes et Tous !

Portrait du Dr Maaike Kruseman

Dr Maaike Kruseman

Dr Maaike Kruseman est spécialiste du maintien de la perte de poids. Elle a étudié le phénomène durant plusieurs années, notamment dans le cadre d’une thèse de doctorat à l’Université de Lausanne (Suisse). Elle est également experte en nutrition du sport, domaine qui la passionne tant dans sa vie privée que professionnelle.