« Je devrais faire du sport »

Je ne compte plus le nombre de fois que j’ai entendu cette phrase. Accompagnée d’un air vaguement gêné, comme s’il était honteux de ne pas aimer faire du sport.
Depuis que la sédentarité a été incriminée comme facteur de risque d’obésité, il semble que l’exhortation à « faire du sport » soit devenue la norme. Alain en a fait les frais récemment : encouragé par son médecin, il s’est mis au fitness avec une grande motivation. Après deux séances, il s’est retrouvé avec une tendinite au genou, obligé à l’immobilité. Françoise, elle, a repris la course à pied. Sa première sortie l’a complètement découragée : elle espérait au moins pouvoir refaire le parcours dont elle avait le souvenir, mais un point de côté l’a obligée à marcher.
Mon médecin circule exclusivement à vélo et a fait plusieurs marathons. Quant à moi, le sport occupe entre 6 et 12 heures de mon temps hebdomadaire. Lorsque nous parlons d’activité physique, nous nous en faisons la même représentation, nous nous comprenons. Comment aborde-t-elle le sujet avec ses patient-e-s obèses ? Se rend-elle compte que pour une personne de 90 kg, monter 3 étages à pied c’est du sport ? Réalise-t-elle que marcher 20 minutes sans s’arrêter, même lorsqu’il ne fait pas très chaud, mettra une personne corpulente en nage, avec tout l’inconfort que cela suppose ? Y songe-t-elle lorsqu’elle recommande à ses patients de « bouger pour leur santé » ?
L’inverse de la sédentarité n’est pas le sport, mais l’activité physique. Pour qui veut bouger davantage, il est indispensable d’évaluer objectivement ses possibilités et ses limites. Et de se souvenir que la performance physique n’est pas une valeur en soi.
PS Alain s’est bien remis. Nous avons adapté son programme de fitness et il peut l’effectuer une à deux fois par semaine sans douleur. Françoise marche deux fois par semaine, pendant 20 minutes. Qui a dit que cela ne servait à rien ? Elle progresse, se sent mieux, et pourra bientôt trottiner sur la moitié du parcours, voire l’allonger un peu.

Portrait du Dr Maaike Kruseman

Dr Maaike Kruseman

Dr Maaike Kruseman est spécialiste du maintien de la perte de poids. Elle a étudié le phénomène durant plusieurs années, notamment dans le cadre d’une thèse de doctorat à l’Université de Lausanne (Suisse). Elle est également experte en nutrition du sport, domaine qui la passionne tant dans sa vie privée que professionnelle.